Il s'agit d'une tendance lourde dans le monde du
jeu vidéo. Les éditeurs essayent aujourd'hui de rentabiliser l'argent
investi dans les productions d'envergure en ciblant un public aussi
large que possible. Quitte à altérer l'ADN de la série. C'est exactement
ce qui arrive à Splinter Cell depuis Conviction. Avec Blacklist,
Ubisoft réaffirme son envie de ne pas cantonner le jeu au genre exigeant
qu'est l'infiltration mais d'offrir un gameplay simplifié, ouvert,
s'adaptant aux envies de chacun.
L'une des particularités de l'unité dirigée par Sam Fisher tient au fait que son QG se trouve à bord d'un avion furtif répondant au doux nom de Paladin. L'appareil revêt une importance particulière car le joueur est amené à y revenir en permanence. C'est en effet au sein de ce hub original que l'on trouve la carte du monde sur laquelle sont indiqués les points chauds, les endroits susceptibles de faire l'objet d'une intervention. Autrement dit, on y voit les missions solo liées à la trame principale mais aussi celles jouables en coopération (plus auxiliaires). A priori, on pourra aussi directement accéder aux DLC à partir de cette map. De quoi lier l'ensemble à l'histoire du jeu et rendre la navigation plus simple en évitant aux joueurs de repasser par quinze menus pour accéder aux différents contenus.
Mais le Paladin, c'est aussi un endroit où le joueur est libre d'évoluer. Il peut se balader dans chacune des pièces de l'appareil mais également discuter avec ses coéquipiers, à savoir la responsable de la logistique Anna Grimsdottir, l'agent de la CIA Isaac Briggs et l'informaticien du groupe, Charlie Cole. Ces dialogues permettent d'avoir un éclaircissement sur certains points du scénario. Les développeurs nous ont par ailleurs promis que la petite troupe serait pleinement impliquée dans les opérations et qu'elle émettrait par exemple des avis tranchés sur les méthodes que vous employez sur le terrain. Ils restent tous en contact permanent avec vous au cours des missions. Un peu à la manière des informations affichées directement dans les environnements dans Conviction – astuce par ailleurs toujours utilisée ici -, l'image des trois coéquipiers est ici projetée dans le décor. Ce qui permet d'avoir des briefings n'importe quand. Bien évidemment, les trois compères interviennent également directement sur le terrain pour donner des coups de main à Sam. Pour en finir avec le Paladin, le joueur peut améliorer différentes parties de l'avion : le cockpit, la salle des commandes, les cabines de l'équipage et ainsi de suite. Outre une incidence visuelle, cela permet de débloquer différents avantages concrets comme par exemple une régénération plus rapide de la vie de Sam en cas d'upgrade de l'infirmerie.
Par ailleurs, Blacklist propose évidemment au joueur de personnaliser son avatar. Aussi, avant chaque mission, il est possible de déterminer quel équipement Sam Fisher va embarquer au cours de la future intervention. On améliore sa combinaison, on achète des armes, des gadgets et on les équipe ensuite avant de partir au combat. Le jeu se propose par ailleurs d'offrir des récompenses différentes en fonction de la manière dont chacun procède durant les missions. Il existe trois styles de jeu différents : Fantôme pour ceux qui ne tuent personne et restent discrets en permanence ; Panthère pour ceux qui jouent la carte de la furtivité mais assassinent leurs ennemis ; Tank pour ceux qui foncent dans le tas et éliminent tout ce qui bouge. En fonction de ses actions, on marque des points dans chacune de ces catégories. Le jeu affiche votre bilan à chaque fin de mission. Sachez par ailleurs que le profil du joueur est commun au solo, au coop et au multi.
Des ruelles étroites et des toits. Dommage qu'il fasse jour car ça aurait pu être le paradis pour Sam.
Pour profiter des avantages offerts par chaque niveau, il nous fallait un Sam Fisher en grande forme. Et cela tombe bien car jamais l'agent secret n'aura paru aussi agile. A la manière d'un personnage d'Assassin's Creed, il se déplace avec une aisance impressionnante. En quelques secondes, il parvient à escalader les parois les plus abruptes. En un sens, cela renforce le côté infiltration car notre héros est désormais capable de réaliser de véritables prouesses physiques pour ne pas être repéré. Toutefois, il ne faut pas se leurrer, le fait d'accentuer la mobilité du personnage sert clairement la volonté des développeurs de rendre les scènes d'action plus fluides, plus dynamiques. Et cela fonctionne ! Enquiller les combats tête baissée n'est clairement pas un souci. D'autant que l'on dispose désormais de la possibilité d'utiliser le fameux Mark and Execute en mouvement. Il suffit pour cela de désigner ses cibles puis d'appuyer sur le bouton approprié alors que l'on sort de sa cachette. Se lance alors une courte séquence au ralenti pendant laquelle Sam abat froidement ses ennemis sans que vous n'ayez rien à faire. Une action classe mais qui met toujours à mal toute notion de challenge.
Si on peut donc tout à fait prendre Blacklist comme un vrai jeu d'action en enchaînant les gunfights derrière de multiples couvertures, rester discret décuple toujours le plaisir de jeu. Tout simplement parce que cela requiert du doigté et une bonne dose de réflexion. Quel bonheur de jouer avec les zones d'ombre, de planquer les corps, d'utiliser les multiples gadgets comme des lunettes thermiques ou un drone permettant d'explorer l'environnement avant un assaut... Reste tout de même l'absence totale de tension due au fait que l'on peut aligner des dizaines d'ennemis sans sourciller. On sent que le rythme du jeu, dans la dynamique des évènements, que l'infiltration n'est plus une priorité. Mais lorsque l'on y met du sien et que l'on ne cède pas à la facilité, on croit de temps à autre apercevoir le fantôme du Sam Fisher version début des années 2000.
- Editeur : Ubisoft
- Développeur : Ubisoft Toronto
- Multijoueurs : En coop
- Sortie France : 22 août 2013
(20 août 2013 aux Etats-Unis) - Classification : Déconseillé aux - de 18 ans
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